Sus aux abus de positions dominantes !

Sur ce blog, on parle souvent du droit de la concurrence et de la manière dont les entreprises utilisent les limites du droit de la concurrence comme outil de leur stratégie.

Un éditorial d'Henri De Bodinat, publié ce jeudi 4 juin 2009 dans Challenges évoque lui aussi cette démarche stratégique. Selon lui, "Intel et la filière du lait suivent tous deux une stratégie qui consiste à se créer une position dominante en étouffant les concurrents, et à maximiser ensuite la rente de situation". Pour Intel, c'est un monopole qui a conduit à une condamnation par la Commission Européenne de 1 milliard d'Euros. Pour les producteurs de lait, c'est un "oligopole de connivence".

Et l'éditorialiste de conclure : "Quand la domination est un axe stratégique majeur, l'entreprise se rend service à elle-même au détriment de l'intérêt général. Eliminant la concurrence, elle restreint le choix des clients. Fixant des surprix, elle attaque leur pouvoir d'achat. Sous-payant ses fournisseurs, elle les paupérise. Elle prélève une rente indue sur l'économie au détriment des autres secteurs concurrentiels. Elle étouffe les petits concurrents innovateurs.".

Une partie des auteurs, citant notamment Microsoft, évoquent la nécessité de quelques entraves afin d'avoir des géants nationaux, bénéfiques au pays. Toutefois, l'exemple de Google, d'Apple ou de Facebook montre bien qu'on peut devenir un champion international par la qualité de son produit et sa démarche innovatrice. Pourvu que, comme cela s'était passé pour AMD ou pour Netscape, un concurrent dominant n'empêche pas l'accès au marché...

(c) Olivier Beddeleem, enseignant-chercheur à l'ISEG, beddeleemo@gmail.com

[Note1] Henri De Bodinat, "Sus aux abus de positions dominantes!", Challenges, 4 juin 2009, p36